On n’y croyait plus, mais après avoir passé près de 5 ans en early access, Last Epoch, le tout premier jeu d’Eleventh Hour Games, un studio composé uniquement d’employé travaillant à distance dans de nombreux pays, est enfin arrivé en version 1.0 sur Steam. On a passé plusieurs dizaines d’heures à exterminer des milliers de créatures malicieuses et mené quelques héros à la gloire, stoppant cataclysme par-dessus cataclysme, afin de vous donner notre avis. Résultat ? Meh.
Fiche Technique de Last Epoch
- Date de sortie : 21 février 2024
- Style : Sports et Simulation
- Classement ESRB / PEGI : En Attente
- Développeur : Eleventh Hour Games
- Éditeur : Eleventh Hour Games
- Langue d’exploitation : Disponible en français (interface seulement)
- Disponible sur PC
- Testé sur PC
- Prix lors du test : 44,99 $ CA / 33,99 €
- Site officiel
- Version envoyée par l’éditeur
Pas le récit qui fera l’Histoire
On va se le dire… L’histoire des hack n’ slash est rarement le point fort. Et Last Epoch n’est pas l’exception qui vient confirmer la règle. On a droit ici à une version édulcorée d’un récit inspiré par Chrono Trigger. Sans la présence des personnages charismatiques, attachants et mémorables d’Akira Toriyama (RIP) ou encore d’un antagoniste marquant.
Il est question de conflits divins et de voyages temporaux à travers différentes époques afin d’empêcher de nombreuses chutes hâtives des différentes civilisations. À aucun moment le jeu ne réussit à engager un tant soit peu le joueur dans la trame narrative qu’on tente de nous vendre. Plutôt, on va préférer passer outre les multiples et pénibles lignes de dialogues en cliquant frénétiquement sur la souris.
C’est une histoire générique et insignifiante qui n’apporte rien à la motivation des joueurs à exterminer des hordes infinies de monstres thématisées selon l’ère explorée. Que ce soit des morts-vivants, des créatures préhistoriques ou encore des aberrations cosmiques, on se contente de se rendre à l’objectif sans jamais sentir l’envie d’enrichir nos connaissances sur le monde.
Mon personnage à moi!
À l’instar de sa trame narrative, le choix des classes jouables donne aussi une impression de prémâcher. Entre un guerrier, une rodeuse, un druide, un magicien et une nécromancienne, on a l’impression que les développeurs nous offrent leur top 5 des archétypes classiques de jeu de rôle fantaisiste. Là où Last Epoch réussit à se démarquer (et briser le moule), c’est dans l’avancement des habiletés de nos personnages.
Sans surprise, notre avatar obtient des points d’expérience en exterminant des ennemis, en progressant dans l’histoire et en complétant des quêtes secondaires. Ces derniers nous permettent de monter de niveau et nous octroient, ainsi, un point d’habileté à dépenser à notre guise. Les points mis dans notre arbre de compétences passives nous permettent de débloquer des habiletés actives sous la forme de sorts et de nouvelles attaques.
Ce qui est exceptionnel, c’est que chacune de ces habiletés actives possède son propre arbre (lui aussi très étoffé) de compétence. Et il ne s’agit pas ici que de simples changements minimaux de pourcentages (il y en a, mais ce n’est pas tout). On parle plutôt de spécialisations venant changer drastiquement la façon d’utiliser nos pouvoirs.
Par exemple, le guerrier débloque rapidement une attaque lui permettant de lancer un marteau spectral en ligne droite devant lui. En se spécialisant, il est possible d’opter pour une trajectoire circulaire à partir de la position du joueur. En explorant une autre branche, on peut en invoquer 2 plutôt qu’un seul. Encore une autre branche et on peut s’assurer les marteaux magiques nous suivent dans nos déplacements et ainsi devenir une tornade d’objets contondants.
La quantité de combinaisons possibles est faramineuse ! Il n’y a aucun doute que chaque joueur arrivera à trouver un style de combat qui lui plaira. Et que la viabilité varie.
Systèmes par-dessus systèmes
Éventuellement, après avoir atteint un point tournant dans l’histoire (environ 2 heures après le début), le joueur est invité à choisir une maîtrise pour sa classe parmi une triade. Pour reprendre l’exemple du guerrier, vous aurez le choix entre devenir un paladin, un chevalier du néant ou encore un garde de la forge. Chacune possède un arbre additionnel de compétences passives et de nouvelles habiletés à débloquer.
Alors que, jusqu’à présent, il était possible de revenir sur nos choix en investissant de l’or et du temps, notre décision de maîtrise est fatidique. Certains apprécieront le gravitas du moment (quoique, très faible narrativement), mais avec il n’y a aucun doute que le design empêche les expérimentations et que la peur d’avoir raté quelque chose s’installe.
Les développeurs de Last Epoch ont mis beaucoup d’effort dans le design d’une panoplie de sous-systèmes. Que ce soit les nombreuses spécialisations, la façon d’améliorer notre équipement ou encore la recherche d’objets spécifiques, on sent l’influence des suggestions du public. On retrouvera donc, dans le jeu d’Eleventh Hour, plusieurs innovations intéressantes qui réussissent à rendre l’expérience plus complexe que Diablo, mais aussi beaucoup plus accessible que Path of Exile.
L’absence du « je-ne-sais-quoi »
Malgré cela, Last Epoch n’arrive pas à impressionner comme ses deux concurrents ont sur le faire. Un bon ARPG réussit à nous faire sentir puissant et à rendre les découvertes excitantes. Last Epoch échoue sur les deux plans.
Les attaques, tant les nôtres que celles de nos ennemis, n’ont qu’un impact mineur. Certes, on tente de nous vendre la sauce à l’aide d’écrans qui tremblent, mais l’animation des personnages et les effets sonores n’arrivent pas à nous faire ressentir la force et la violence des événements. Il n’est donc pas rare qu’on meure sans jamais avoir senti qu’on était en danger. Sur une autre notre, on regrette aussi l’absence d’un bouton d’esquive à la Diablo qui aurait probablement su contribuer à ce petit « plus » sur nos sentiments de contrôle et de compétence.
L’absence de mise-en-scène impressionnante alliée à l’insignifiante trame narrative font également en sorte que les moments supposément épiques ne se démarquent pas. Encore une fois, l’effet escompté tombe à plat.
Notre verdict sur Last Epoch
Au final, Last Epoch est une expérience correcte, sans plus. On apprécie particulièrement la customisation des habiletés de nos personnages et la gestion des nombreux systèmes d’améliorations. Par contre, le jeu ne réussit jamais à se départir de l’impression de déjà vu qu’il nous laisse. L’insipide trame narrative accompagnée de son générique bestiaire, mais surtout l’incapacité du jeu à nous faire sentir compétent et puissant viennent entacher notre envie de rejouer. Tant dans l’immédiat que le long terme.
Il est également important de noter que la version fournie par l’éditeur ne nous permettait pas de tester les fonctionnalités en ligne du jeu. Cette critique fait donc abstraction de l’expérience en multijoueur. Les commentaires sur ce dernier sont loin d’être élogieux depuis la sortie, mais, selon nos tests, nous ne croyons pas que jouer en ligne changerait significativement notre avis de Last Epoch.
C’est un jeu pour les férus de customisations aimant tester d’intéressantes combinaisons d’habiletés et leurs limites. Pas pour ceux qui sont en quête de la prochaine franchise d’importance d’ARPG hack n’ slash.