Dès les premiers instants de jeu, il est difficile de ne pas remarquer l’influence de Valheim et de Breath of the Wild sur le design d’Enshrouded. Alliant une immense contrée fantaisiste aux mille points d’intérêt à des mécaniques de survie discrètes, le titre en accès anticipé de Keen Games nous invite à découvrir les nombreux secrets que son monde, minutieusement construit, dissimule. Et ce, tout en expiant le royaume de vilaines créatures corrompues à grands coups d’armes martiales et de sorts magiques.
Si ce n’est pas brisé…
La boucle de gameplay principale ne dévie pas beaucoup de ce qu’on attend du genre. On passe donc une bonne partie de notre temps à explorer les terres déchues d’Embervale, à récolter des ressources et revenir à notre base pour débloquer de l’équipement ou encore améliorer le confort de notre maisonnée en fabriquant de nouvelles installations.
À cela, Enshrouded ajoute quelques quêtes où l’on doit libérer d’autres survivants, tel qu’un forgeron, une chasseuse et un alchimiste, pour bénéficier de leurs expertises. Explorer les vestiges de l’ancienne civilisation apporte aussi son lot de récompenses et de points de téléportation rapide qui nous permettront de sauver du temps. On ne réinvente pas la roue, mais la carte recèle de ruines et de secrets. Il n’est pas rare que l’on dévie de son objectif initial ou qu’on fasse une note mentale d’un lieu particulièrement intéressant ou, pour l’instant, trop difficile à explorer.
Les PNJs secourus peuvent être invoqués à notre base. Leur présence nous donne accès à de nouveaux matériaux et méthodes de création. Outre les quelques lignes de dialogues rapidement épuisées lors de nos interactions, ces derniers tiennent plus des statues que de l’être vivant. Au même titre qu’une machine, lorsqu’on choisit leur emplacement dans notre village en constante évolution, ils ne bougeront plus et n’interagiront pas entre eux. On espère que Keen a prévu les rendre plus intéressants prochainement parce que, pour l’instant, on a plutôt affaire à des stations d’artisanat glorifiées.
L’aventure avant tout!
La survie, à l’instar de Valheim, n’est pas anxiogène. Manger, boire et dormir, en d’autres mots, ne sont pas nécessaire. Plutôt, on encourage la participation à ces activités en offrant des bonus de vie, de consommation d’endurance ou encore aux dégâts que l’on inflige. L’aventure prend certainement une place non négligeable dans Enshrouded, mais la mort n’est pas aussi punitive que dans d’autres titres. Seules les ressources primaires sont perdues. Heureusement!
Pour nous aider à éviter la défaite, on retrouve les principaux suspects d’un RPG. Une panoplie d’armes, d’armures et de joyaux à équiper contribue à notre survivabilité. On débloque également, assez tôt dans le jeu, un grappin et un planeur (sans grande liberté de mouvement) qui nous permettent de parcourir de grandes distances ou d’atteindre des lieux difficilement accessibles. L’évolution de notre arsenal n’est, par contre, pas la seule source de progression pour notre avatar!
En effet, à force de tuer des créatures et d’explorer le monde, le jeu nous alloue des points d’habiletés à investir dans un arbre de compétences. Le système est assez libre et nous permet de nous spécialiser dans le style de jeu qui nous plaît. Qu’on soit un tank, un magicien ou un rodeur. Il est également possible de réallouer les points à moindre coût ou encore de combiner différentes habiletés afin de créer un archétype versatile.
Reforger son royaume, un voxel à la fois
Enshrouded est, vous l’aurez probablement deviné, un jeu supportant l’agentivité des joueurs. Et cela vaut aussi dans le gameplay de construction. Fonctionnant sur un système de voxels (un pixel 3D), le monde peut être sculpté dans son ensemble. À condition d’avoir les outils, l’imagination et la patience nécessaire. Par contre, malgré quelques innovations intéressantes quant à l’implémentation des menus de construction des modules de base, l’activité est la plupart du temps pénible.
D’abord, le fait que l’on doit créer les matériaux/les décorations et les avoir sur sa personne lors de la construction vient rapidement entraver le flow. Exit la construction ininterrompue . Enshrouded gagnerait à offrir une méthode permettant de piger dans les réserves de nos coffres. Et même à éliminer, tout simplement, la transformation des matériaux de base en matériaux de construction. Pareillement, devoir passer par notre barre d’outils pour installer l’ameublement nuit au plaisir de créer un lieu architecturalement intéressant. On passe trop de temps dans les différents menus.
Ensuite, dans son désir d’hyper-customisation, l’alignement sur la grille se manipule difficilement. Il n’est pas rare que des pièces que l’on croit alignées ne le soient pas du tout ou que l’angle dans lequel on construisait ait créé d’autres problèmes sur le résultat final. En d’autres mots, on a souvent eu le sentiment qu’il y avait une dissonance entre nos intentions et la façon que les pièces s’accolaient l’une aux autres. Pour toute ces raisons, nous nous en sommes tenus à des constructions basiques et utilitaires.
Notre verdict sur Enshrouded
Sommes toutes, on peut dire qu’on apprécie notre temps avec Enshrouded, mais que l’expérience de jeu n’a pas réussi, jusqu’à présent, à nous envoûter comme Valheim l’avait fait en février 2021. Difficile de savoir pourquoi exactement, par contre. Enshrouded, dans son désir de capturer l’essence de ses influences, n’a pas encore tout à fait développé la touche qui lui permettra de se distinguer sur le marché maintenant saturé de jeu de survie à monde ouvert.
Pour l’instant, malgré l’immensité de son espace de jeu, le plaisir qui découle de son exploration et les nombreuses loupes de progression, on a bien l’impression qu’Enshrouded n’ose pas assez et que l’équipe chez Keen se rabat prudemment sur ce qui a fonctionné dans les dernières années. Cet arrière-goût de réchauffé, tant dans les mécaniques que les thématiques, vient entacher une expérience dans l’ensemble très agréable, tant seul qu’entre amis. À noter que, malgré cela, il est très facile de passer plusieurs dizaines d’heures dans le jeu dans son état actuel et que le titre de Keen mérite amplement l’attention reçue jusqu’à présent.