C’est le 23 septembre que Valve a introduit sa série de grandes annonces. La première nous dévoile SteamOS, un système d’exploitation basé sur une architecture Linux. Les prochaines annonces arriveront dans la semaine.
SteamOS se veut un système d’exploitation qui repose sur le logiciel Steam et développé pour le salon notamment pour le grand écran qu’est la télévision. Il sera installé dans ce que Valve nomme des machines de salon. La société veut ainsi apporter Steam dans notre salon et que nous puissions jouir de tout le catalogue Steam sur notre canapé, et non plus seulement devant notre PC. À noter qu’il ne s’agira pas d’un système d’exploitation uniquement dédié au jeu puisque Valve parle également de films, TV, musiques et vidéos notamment.
Si le système d’exploitation n’est actuellement pas encore disponible, Valve indique cependant que nous pourrons “bientôt” y toucher mais aussi que “l’univers de Steam va s’étendre en 2014”. Il sera gratuit auprès des utilisateurs, et également auprès des constructeurs car c’est un système d’exploitation en licence libre.
Voici quelques informations et fonctionnalités mis de l’avant par Valve lors de l’annonce de SteamOS :
- Le streaming local va permettre de streamer un jeu lancé sur son PC/Mac via Steam directement sur sa télé ;
- Le partage familial qui devrait nous permettre de partager ses jeux avec les personnes que l’on souhaite comme nous en parlions à l’occasion de l’annonce de la Beta de Steam Family Sharing il y a quelques semaines ;
- Plusieurs bibliothèques seront disponibles pour un seul et même compte, permettant aux membres d’une même famille d’avoir sa propre ludothèque ;
- Des centaines de jeux tournant en natif, en plus des jeux de son ordinateur via le streaming local ;
- Tous les avantages du cloud : même si l’on change de machine on retrouve toute sa ludothèque, ses sauvegardes et nous pouvons reprendre le jeu sans se soucier d’autre chose ;
- Les films, TV, musiques, vidéos auront également leur place puisque Valve a précisé que le jeu ne sera pas le seul divertissement disponible sur SteamOS.
SteamOS : bientôt dans le salon de tout le monde ?
Apparemment, SteamOS a donc tout pour être devenir la référence en terme de système d’exploitation pour le salon, et c’est là que cette annonce devient intéressante. Valve indique bien que c’est un système qui tournera sur des machines de salon. Est-ce là l’aube d’une nouvelle génération de consoles ?
Imaginez de nombreux constructeurs s’emparer du système et proposer leur propre console de salon, leur propre “Steambox”. On pourrait ainsi retrouver exactement le même schéma que du côté des télécoms : un système d’exploitation comme Android qui s’impose auprès du grand public en étant utilisé et modifié par la majorité des constructeurs. La machine n’aura alors plus la même place qu’aujourd’hui, puisque de toute façon nous aurons accès quoiqu’il en soit à l’immense catalogue de jeu!
Ce modèle possède toutes les armes pour venir concurrence les consoles de salon traditionnelles. Un système libre, dédié en grande partie au jeu (et issu du domaine) et que tout le monde peut récupérer pour développer dessus. On se rappellera qu’Android et iOS ont connu une explosion du nombre de jeux en profitant de ces mêmes caractéristiques de ces plateformes. Je vous laisse réfléchir à ce que cela pourrait donner avec un système spécifiquement développé pour le jeu mis à disposition gratuitement et librement pour tous.
Quel avenir pour les acteurs classiques des consoles de jeu de salon ?
Évidemment, cela ne va pas inonder le marché dès 2014, mais c’est l’avenir du jeu vidéo ainsi que du divertissement dans son ensemble, et je suis sûr que nous verrons certainement cette solution se multiplier dans les années à venir. Les trois principaux acteurs vidéoludiques que sont Nintendo, Sony et Microsoft ne seront certainement pas touchés avant un certain moment. Mais ils devront réagir.
Sony est celui qui pourrait s’en sortir le mieux face à cette situation selon moi car la société n’est pas spécialement attachée à un système, et peut très bien s’approprier SteamOS sur une PlayStation 5 par exemple comme elle l’a fait dans les mobiles avec Android. Je parle ici de PlaySation 5, dans l’hypothèse où la fin de vie de la PlayStation 4 serait difficile face à l’arrivée en masse de Steambox.
Microsoft, quant à elle, sera certainement plus réticente à quitter ses systèmes maisons comme on le voit aujourd’hui dans la téléphonie où la distribution de Windows Phone est encore en dessous des espérances (et parallèlement celles de la distribution de Windows 8). Le nerf de Microsoft, c’est le logiciel, c’est le système d’exploitation, et c’est donc en toute logique que la société américaine s’agrippera à ses propres solutions et préférera les faire évoluer par elle-même. En terme de chronologie, il s’agit ici d’un bon de dix ans en avant et il est vrai qu’il est difficile d’imaginer à quoi peut ressembler le monde des nouvelles technologies ces temps-ci, mais ce que je pense c’est que Microsoft a les reins suffisamment solides pour perdurer jusque-là et s’adapter.
Le cas de Nintendo est plus délicat. Il s’agit d’une entreprise qui est très attaché à ses valeurs, et plusieurs fois on les a entendu dire qu’ils ne développeront pas sur d’autres plateformes que les leurs. Et ils ont leur logique : ils ne développent pas des jeux sur une machine mais créent la machine et les jeux, ou du moins les idées de jeux, conjointement afin d’apporter une expérience de jeu unique. De plus, Nintendo est connu et reconnu pour ses licences fortes, et qui sont généralement d’une grande qualité, qui leur permettent de maintenir leurs consoles sur le marché. Malheureusement, nous sommes certainement en train de vivre les derniers instants de ce vieux modèle où seul un petit nombre de constructeurs proposent leur solution, et pour vivre Nintendo devra sans doute s’y plier, et porter ses licences sur un système d’exploitation global.
Ce qui est étonnant avec tout ça, c’est que je n’imaginais pas Valve entrer le premier dans ce segment, mais plutôt Google via Android. J’en parlais d’ailleurs dans mon article Google et le jeu vidéo : la société choisira-t-elle un angle différent ?
Évidemment, il faut également tenir compte des concurrents qui peuvent arriver en cours de route, qui sont peut-être même déjà en train de développer leur solution (ou de préparer une mise à jour de ce qu’ils proposent actuellement), et qui peuvent mettre des bâtons dans les roues de Valve. Mais ce qu’il faut retenir c’est que c’est un modèle qui a toutes les chances de fonctionner. Il s’agit même de l’aboutissement logique du divertissement selon moi.
D’autres annonces à venir cette semaine pour Valve
Enfin, il ne faut pas n’oublier que Valve n’a pas fini ses annonces cette semaine. En effet, il en reste encore deux, symbolisées par ces deux logos grisés, dans l’attente d’être révélés et mis en surbrillance comme celui représentant l’annonce d’hier.
Je voulais laisse méditer sur la signification de ceux-ci. Et vous pourrez même mettre vos hypothèses dans les commentaires !
